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Une armée en refondation : l'infanterie de la IIIème République de 1872 à 1884/1886

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E. Detaille
Infanterie de ligne, ca. 1875.


Présentation générale

Les lois de 1872, 1873 et 1874 réorganisent complètement le paysage militaire de la France. L'infanterie est territorialisée et ses effectifs sont portés à :
- 144 régiments d'infanterie,
- 3 régiments de tirailleurs,
- 1 régiment étranger,
- 3 bataillons d'infanterie légère.
Les régiments comptent désormais trois bataillons au lieu de quatre. Les quatrième bataillons supprimés sont regroupés dans 18 nouveaux régiments.
Jusqu'en 1872, l'uniforme reste globalement celui de 1867. Puis, suite aux travaux de la comission Cissey, l'uniforme et l'armement connaissent des évolutions significatives.
L'uniforme conserve les attributs de celui de 1867 mais avec quelques variantes précisée dans une circulaire du 15 septembre 1871. Le passepoil jonquille est supprimé. Le collet reste en drap jonquille mais portera le numéro du régiment découpé en drap bleu. Le numéro serait également porté sur la capote. Les boutons à numéro sont remplacés par un bouton grenade. Enfin, les galons des caporaux seront en laine écarlate comme les soldats de première classe. Les chasseurs à pieds voient le collet à capuchon remplassé par la capote d'infanterie.
Globalement l'habillement est standardisé, les mêmes vareuses étant distribuées aux chasseurs et aux hussards. La vareuse à double boutonnière bleu nuit reste en place et est généralisée à toute la troupe. Le soldat est coiffé d'un shako portant le numéro du bataillon surmonté d'un pompon. Par ailleurs, le pantalon garance de 1867 reste en vigueur ainsi que le ceinturon modèle 1845.
La présence des numéros de régiments sur les collets apparaît progressivement. Par ailleurs, notons aussi la présence des guêtres blanches, qui disparaissent à la fin des années 1880.
Le shako sert de référence pour la datation. En effet, un modèle d'apparat est distribué aux troupes en 1872 alors que le képi modèle 1872 est la coiffe de campagne. Le shako étant la coiffe de permission, cela explique qu'il soit présent sur les photographies jusqu'à épuisement des stocks. Ce dernier disparait progressivement après 1883.
Le 28 décembre 1871 il est décidé que les sergents-majors d'infanterie n'auraient plus de fusils mais porteraient le sabre et le révolver comme l'adjudant.
L'armement connait aussi des changements avec l'adoption du fusil Gras en 1874 et du pistolet à barillet peu après.

l'uniforme de 1872/1875

Tunique en drap bleu foncé, à deux rangées de boutons ; passe poils bleus ; collet jonquille orné, dans les angles, de pattes bleues portant le numéro du régiment découpé en drap jonquille ; parements bleus ; épaulettes écarlates ; boutons en cuivre estampés en relief d'une grenade sans numéro ; capote croisée en drap gris de fer bleuté avec pattes de collet garances portant le numéro du régiment en drap gris ; pantalon garance tombant droit sur le coude - pied ; guêtres de cuir ou de toile blanche selon la tenue; shako recouvert en drap bleu foncé avec galon de pourtour et soutaches jonquilles; plaque de shako représentant une grenade en cuivre ; pompon à flamme écarlate ; jugulaires en cuir noir ; grand équipement en cuir noir.
Source : Annuaire de l'armée française, 1873, p. 195.

Malgré des consignes strictes, les changements mettent du temps à imprégner la troupe, pour des raisons bugétaires, mais aussi idéologiques : certains soldats, particulièrement les officiers, restent attachés à l'empire et conservent un temps des attributs normalement proscrits.

Pourtant, la datation des photographies est relativement plus simple dans les années 1870 qu'après, du fait que les régiments ne sont pas fixés et changent parfois de garnison chaque année. C'est là que l'annuaire de l'armée française est précieux.

Exemple 1 : un soldat du 40e en tenue de campagne (1873-1874)



Ce premier cas est intéressant pour traiter de l'uniforme des quelques années qui suivent la guerre de 1870. Un coup d'oeil rapide nous indiquerait un cliché pris pendant la guerre. En effet, notre homme porte la capote modèle 1867 à double boutons de manche et la famause baïonette du fusil chassepot, reconnaissable par son manche en laiton (1) et (2). De plus, il ne semble pas porter de numéro de régiments au collet, mais la mauvaise qualité du cliché a pu altérer cet aspect. Signalons au passage que le cliché est inversé puisque le boutonnage se fait normalement à droite : une inverssion classique de la plaque de verre lors de la reproduction.
Cependant, deux détails contredisent cette première observation : Le shako (3) est recouvert de draps et n'arbore plus les insignes du Second Empire. De plus, nous savons que le cliché est pris à Toulon par l'atelier Rampin. Or, il se trouve que le 40e RI se trouvait caserné à Toulon en 1873-1874, ce qui nous donne un indication chronologique. Cela nous permet de souligner que le nouvel équipement a mis du temps à être distribué aux troupes, les anciens continuant à être distribués jusqu'à épuisement des stocks. On se contente souvent d'adapter l'ancien (ajout des numéros de régiment aux collets, retraits des symboles impériaux, changement des boutons d'uniforme en octobre 1871).

Exemple 2 : un soldat du 77e en grande tenue (1876-1877)



Ce deuxième exemple est une parfaite illustration de l'évolution de l'équipement et sa limite après la refonte de 1872-1875, bien que le cliché, encore une fois, soit inversé. Notre conscrit porte ici le shako modèle 1867/1872 orné de la grenade et du numéro de régiment (1), plutôt boudé par la troupe qui lui préfère le képi, plus confortable. Par ailleurs, on remarque le ceinturon noir et les deux passants de cuivre servant à accrocher le havresac, ornement qui disparaitra après 1888 (2). Enfin, la baïonnette chassepot équipe normalement la troupe jusqu'à l'introduction du fusil Gras en 1874 (3). Cela nous permettrait de dater la photographie d'avant 1874. Cependant, encore une fois, c'est le photographe et la localisation du régiment qui permettent d'affiner la datation. La photographie est prise à Paris dans les ateliers Noël Paul. Notre soldat appartient au 77e de ligne qui s'est trouvé caserné à Paris en 1876-1877. La baïonnette ancien modèle s'explique donc par le maintient d'équipement datés le temps d'équiper toutes les troupes, mais aussi par les photographes qui conservent cet armement ancien pour donner une attitude plus martiale aux personnages.

Exemple 3 : un soldat du 65e en tenue de campagne (vers 1883-1887)



Un coup d'oeil trop rapide nous amènerait à la conclusion que notre photographie est celle d'un soldat de la guerre de 1870 : képi plat, moustache et mouche, guètres blanches, notre soldat est décidément un nostaligique de l'Empire.
Pourtant, ce dernier exemple permet d'aborder les années 1880. par ailleurs, les vues de soldats en tenue de campagne avec équipement complet sont moins courantes ce qui rend le cliché d'autant plus intéressant. Notre soldat porte le nouveau fusil Gras distribué à la troupe à partir de 1874 (1). On reconnait également la baïonnette à poignée en bois-laiton (2). Il porte la capote 1867/72 avec manche à double boutons et numéro de régiment au collet (5). En revanche, l'équipement porté est celui d'avant 1870 : la cartouchière modèle 1869 (3), la musette en drap blanc (4) et le havresac complet avec la toile de tente et ses mats bien visibles au dos (6). Enfin notre soldat a gagné un prix de tir comme l'indique l'indigne cousu sur sa manche gauche (7). La datation a été possible grace aux informations concernant le photographe, recoupées avec l'équipement du soldat. En effet la photographie est prise à Nantes où le 65e a été caserné à partir de 1883. Par ailleurs notre photographie a exercé jusqu'en 1887.

Photothèque

Les officiers supérieurs

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Major, 100e RI (#40)
Ph. Jules Amouroux (1826-1905) (Aurillac)
1873-1880

Les officiers subalternes

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Capitaine Jean Larrieu, 20e RI (#25)
Ph. Prosper Fellion (né 1834) (Villeneuve-sur-Lot, Porte de Paris)
1874-1878

Les sous-officiers

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Sergent major, 117e RI (#36)
Ph. Pignolet et Martine (Le Mans)
1872-1880
Sergent, 129e RI (Le Havre) (#30)
Ph. E. Letellier (Le Havre, 23 rue de Toul)
1870-1875

La troupe

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Soldat Louis Bayer (#19)
(Photographe inconnu)

1866-1872
Soldat, 3e RI (#20)
Ph. B. Stanislas (Marseille-Digne)
1872-1875
Soldat, 9e RI (#21)
Ph. Millet (Agen, Boulevard Sealiger)
1875-1880

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Soldat, 13e RI (#22)
Ph. Théophile Hordé (1825-1897) (Creusot)
1876-1885
Soldat, 15e RI (#23)
Ph. Malbret (Carcassonne)
1875-1885
Soldat, 27e RI (#26)
Ph. Théodore Schahl (1828-1897) (Dijon, 29 rue Chabot-Charny)
1875-1885

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Soldat, 47e RI (#27)
Ph. Gilbert Ainé (Saint-Servan, 30 Grande Rue)
1875-1880
Soldat, 69e RI (#29)
Ph. Laurent Marin succ. Alexandre (Nancy, 77 Rue Saint-Dizier)
1876-1885

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Soldat, 89e RI (#31)
Ph. Chapelle (Paris, 2 Rue du Grand Prieuré et 29 rue de Crussol)
1872-1880
Soldat, 92e RI (#32)
Ph. Emile Bréard (Clermont-Ferrand)
1872-1880
Soldat, 92e RI (#33)
Ph. Guillaume dit Guillien-Audigier (né 1853) (Clermont-Ferrand, 14 avenue Charras)
1886-1890

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Soldat, 107e RI (#34)
Ph. Brulay frères (Angoulême, 19 rue Saint-Martial et 3 rue Fanfrelin, rue des arceaux)
1880-1885

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