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Français en uniforme : l'armée française de 1870 à 1914

La genèse d'un projet...

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Constituer une collection relève de l'irrationnel et de la passion. Ce n'est donc pas explicable. C'est en 2014, en regardant des photo-cartes de visite de certains de mes ancêtres, que l'envie m'est venue de comprendre l'uniforme qu'ils portaient, puis le plaisir de mettre un nom sur une photographie vieillie par l'âge.
Je n'ai donc pu m'empêcher de présenter en tête de cette page les deux premières photo-cartes de ma collection, à savoir, deux de mes ancêtres. Le premier, Victor marchais, est né en mars 1849. Il est le père de mon aïeule qui a affectueusement noté "papa" sur cette photographie (il se trouve que j'ai aussi "maman" dans mon album de famille). Il est probable qu'il ait servi pendant la guerre de 1870. En effet, la 6e compagnie d'ouvriers d'artillerie figure dans l'ordre de bataille du 15e Corps de l'armée de la Loire, et il a l'âge d'être tiré au sort en vertu de la loi de 1832, dont les articles sur l'âge du recrutement sont toujours en vigueur (tirage le 1er juillet 1870, si l'on tient compte de la loi de 1832, qui stupule que le tirage doit concerner les jeunes ayant eu 20 ans révolus l'année précédente). En tout cas, il est toujours sous les drapeaux en novembre 1874, au moment de ses fiançailles avec sa future épouse. Menuisier de métier, on comprend son affectation parmi les ouvriers d'artillerie. Sur la photographie, il porte l'uniforme de 1867 (pas de numéro sur le col de la vareuse) constituée de la vareuse bleu-foncée avec les brandebourgs. On remarque aussi le shako avec les canons croisés, déjà en vigueur sous l'Empire. Les photo-cartes étaient souvent échangées lors des fiançailles et il se trouve que je possède la photo-carte de sa future épouse (la ci-dessus nommée "maman"), visiblement contemporaine de la sienne. Enfin, son acte de mariage en novembre 1874 stipule qu'il se trouve toujours sous les drapeaux. Je ne sais pas quand a pris fin son service (juillet 1875 si on compte un service de 5 ans depuis juillet 1870), mais cela ne l'a pas empêché de se marier et d'avoir de nombreux enfants avant de s'éteindre en 1904.
L'un de ceux-ci est représenté sur la photo-carte de droite. Il s'agit d'Alfred Marchais, oncle de mon arrière-grand-père. Né en 1887, il est donc de la classe 1907. Menuisier comme son père, il porte l'uniforme du 31e régiment d'artillerie de campagne localisé au Mans, où il est affecté en octobre 1908. Il porte également les chevrons du grade de brigadier, obtenu en octobre 1909 (les chevrons rouges ont été repassés à la craie, pratique courante des photographes). On peut noter également qu'il porte le nouvel uniforme des artilleurs constitué de la vareuse bleu-nuit à une seule rangée de boutons, ayant remplacé entre 1905 et 1910 l'uniforme de 1872. Seuls les trèfles des épaulettes et les insignes sur les boutons permettent de signaler l'arme dans laquelle il sert (en plus du numéro de régiment et de la ville où la photographie a été prise). Libéré en 1910, il est rappelé au moment de la mobilisation générale en 1914. Là il a servi dans différents régiments d'artillerie. Promu maréchal des logis en 1916, il est finalement libéré en avril 1919 avant de reprendre du service. Je perds sa trace après décembre 1920, date à laquelle il passe au 13e Régiment d'Artillerie de Campagne.
J'aimerais raconter la même histoire pour chacune des cartes de ma collection. Malheureusement celles-ci restent souvent désespérément anonymes.

La relative démocratisation de la photographie sous le Second-Empire nous offre un éventail de documentation très riche et facile d'accès, ce qui a permis aux passionnés de rassembler des collections d'une très grande richesse. A cela s'ajoute une passion pour l'histoire, dont j'ai fait mon métier, pour la photographie qui est mon passe-temps et pour le XIXème siècle, qui est mon hobbie. Enfin, ma curiosité pour le codage m'a conduit à imaginer et à concevoir un site en 2017, site créé de toute pièce avec mes blanches mains afin de partager ces passions et prendre plaisir à partager ces documents librement. Après plusieurs mois de conception, j'ai franchis le pas en le proposant en ligne en juin 2018.
Par la suite, à l'occasion de mes pérégrinations sur la toile en quête d'informations, j'ai découvert ce site, construit par un autre passionné des uniformes et dont le contenu, riche et captivant, m'a beaucoup inspiré (et j'en remercie l'auteur qui se reconnaitra).
Mon envie n'en a été que renforcée. Cependant, afin de ne pas être redondant, j'ai opté pour une approche beaucoup plus modeste (surtout du haut de mes 67 cartes de départ !). L'objectif est simplement d'exposer ma petite collection et d'éveiller l'intérêt des passionnés et des curieux.
Le site propose donc un bref aperçu historique de l'organisation et des équipements de l'armée française entre 1815 et 1914, qui a vu la généralisation de la conscription égalitaire. L'accent est mis tout de même sur la période 1860-1914 qui a vu la généralisation des photo-cartes. Un recueil de sources, encore embryonnaire, vient compléter cet aperçu car faire de l'histoire, c'est se confronter aux documents d'origine. En complément de ces sources, une photothèque forme le cœur du site. Chaque photographie est accompagnée de renseignements les plus précis possibles. Cependant, j'invite tout connaisseur à ne pas hésiter à mon contacter pour me faire part de ses lumières.

Pour conclure...

Ce site n'est pas destiné à rester figé. Il évolue presque chaque jour aux grés de mes découvertes, de mes corrections et mes envies d'écriture et de mes idées. Sa consultation régulière vous permettra de découvrir de nouvelles photo-cartes et de nouveaux textes.
Toutes les photographies présentées font partie de ma collection personnelle, ce qui veut dire qu'en cas d'utilisation des documents proposés à des fins commerciales, merci de m'en informer et de citer correctement l'origine de la source (que je vous fournirai avec plaisir en m'adressant un courriel à cette adresse). J'emploie aussi, en cas de besoin, des photographies libres de droit ou sans objectif commercial, en particulier pour les personnalités dont les prix des photographies sont devenus prohibitifs et largement exagérés.
J'ai essayé d'être le plus précis possible dans l'analyse des documents proposés. Je glane de précieuses informations à travers mes lectures et de la consultation de forum et de sites consacrés à la question. Néanmoins, n'étant pas encore assez spécialiste de ces questions, il subsiste probablement des erreurs d'interprétation. Je suis dès lors ouvert à toutes les remarques et toutes les critiques, dans un esprit constructif et d'échange convivial, il en va de soi. Vous pouvez pour ce faire me contacter. J'aurais à coeur de vous répondre le plus rapidement possible. Toutes les informations sont toujours les bienvenues.
Dans la mesure du possible, j'ai aussi exploité les informations contenues au dos des photographies, celles-ci offrant parfois des indications précieuses quant à la localisation et à la datation desdites photographies.
De même, quand elles sont signées, les informations sont signalées. Les généalogistes en seront ravis j'espère. Si un visiteur reconnait un de ses ancêtres, je suis prêt à fournir un scan très précis et toutes les informations en ma possession à tous ceux qui en feront la demande via un courriel.
Il est temps de vous laisser flâner en vous souhaitant sur ce une très bonne plongée dans le temps.

Aimer les uniformes ne signifie pas aimer la guerre ! Bien au contraire en ce qui me concerne. N'y cherchez pas un paradoxe. Ce qui m'a plu dans cette collection est plutôt de mettre la lumière sur des inconnus qui n'ont pas eu d'autre choix que de porter cet uniforme dans un contexte idéologique et social qui les a mené aux hécatombes de 1914. Ce site a une vocation uniquement historique. A bon entendeur...